Après un séjour de deux semaines au Niger dans le cadre de la revue du programme technique et financier signée par les autorités du Niger, il y a de cela an, la mission du Fonds Monétaire International conduite par M. Christoph A. Klingen a organisé hier 6 novembre 2017 à Niamey, une conférence de presse au cours de laquelle le chef de la mission s'est longuement appesanti sur l'état d'exécution du programme. Cette conférence de presse s'est déroulée en présence ministre des Finances Massoudou Hassoumi, du ministre délégué au Budget M. Ahmat Jidoud, ainsi que des cadres centraux du ministère.
Pendant son séjour au Niger, la délégation du Fonds Monétaire International a eu des entretiens avec plusieurs personnalités à la tête de l'Etat du Niger. À l'issue des discussions, la mission du FMI et le gouvernement du Niger sont parvenus à un accord sur les politiques économiques et financières susceptibles d'achever la première revue du programme. Dès l'entame de la conférence de la presse, le Chef de la mission du FMI au Niger a précisé que cet accord sera comme d'habitude soumis à l'approbation du conseil d'administration du FMI sur le Niger qui se tiendra en décembre ou début janvier 2018. Par rapport aux perspectives économiques du Niger, le programme prévoit une croissance réelle du Produit Intérieur But (PIB) de 5, 2% en 2017 et 2018. M. Christoph A. Klingen précise que le taux d'inflation devrait rester bas. Les prêts des banques à la clientèle devraient progresser d'environ 10% par an. Aussi, ajoute le chef de la mission du FMI, la poursuite de la politique budgétaire prudente permettra d'encrer la stabilité macroéconomique du pays.
En ce qui concerne les questions budgétaires, le chef de la mission du FMI au Niger note que l'exécution budgétaire a été satisfaisante en 2017 malgré les problèmes sécuritaires et l'évolution défavorable des cours des matières premières, en particulier pour l'uranium. M. Christoph A. Klingen relève que les principaux objectifs du gouvernement ont été atteints grâce à un rigoureux contrôle des dépenses. Toutefois, les recettes n'ont pas atteint le niveau prévu. La mise en œuvre des reformes structurelles progressent même si plusieurs d'entre elles tardent à se mettre en place. Pour améliorer l'assiette fiscale, le gouvernement du Niger a déjà mis en place une cellule du budget 2018. « Bien que certaines mesures ne soient peut être pas populaires, il est nécessaire de renforcer la mobilisation des recettes internes à l'aide des mesures concrètes. Il est tout aussi indispensable de renforcer davantage les finances publiques et de créer un espace pour le débat social et le développement, nécessaires pour le pays. Le budget élaboré par l'Etat du Niger constitue également un pas en avant et important vers la réalisation des objectifs budgétaires qui ont été imposés par l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour 2020 », a souligné M. Christoph A. Klingen.
La mission du FMI au Niger a aussi discuté avec le gouvernement sur les politiques visant à développer un solide secteur privé qui reste et demeure le moteur de la croissance. Tout le monde est unanime sur le fait que le secteur privé est indispensable pour la réussite économique, ainsi que pour la réduction de la pauvreté. Le programme prévoit de consolider les progrès accomplis en continuant à améliorer les indicateurs sur l'environnement des affaires. A cet égard, l'apurement des arriérés des paiements intérieurs que le gouvernement s'évertue de boucler dans les meilleurs délais serait un véritable et sérieux coup de pousse pour le secteur privé. Dans cette optique, il est convenu de prendre plusieurs mesures afin de diversifier l'économie nigérienne d'une part et d'autre part de maitriser la rapide croissance démographique, a indiqué le chef de la mission FMI au Niger.
À propos de la reforme budgétaire
Le chef de la mission du FMI au Niger M. Christoph A. Klingen note que certaines mesures prises par le gouvernement dans le cadre du budget étaient claires même si elles ne sont peut être pas populaires. «Si ces mesures n'étaient pas populaires, il n'en reste pas moins qu'elles sont incontournables pour l'accroissement de la mobilisation des ressources intérieures. La mobilisation des ressources intérieures du Niger reste l'une des plus faibles au monde. La nécessité de la mobilisation de ces ressources supplémentaires s'explique par deux raisons : avoir des finances publiques solides, un cadre macroéconomique robuste et pour une économie prospère et enfin accélérer les dépenses de développement notamment dans les domaines sociaux où les besoins sont énormes. Nous pensons que le gouvernement est sur la bonne voie parce que ce sont des mesures qui prennent un peu de temps avant de voir les résultats. Nous ressentons quand même qu'il y a un engagement à mieux faire », a fait remarquer le chef de la mission du FMI.
De la diversification de l'économie
Répondant à une question qui lui a été posée dans ce sens, le ministre des Finances M. Massoudou Hassoumi estime que la diversification de l'économie ne se décrète pas. Il faut du temps avec des mesures qui entraineront progressivement cette diversification. «À l'heure actuelle, le Niger dispose d'une structure économique archaïque avec plus de 40 % du PIB qui est rural. Par contre, les autres pays de l'UEMOA tels que le Sénégal, la Cote d'Ivoire, le Burkina Faso etc., sont en train de changer leur structure économique » a expliqué le ministre des Finances avant d'ajouter que le Niger doit prendre des mesures visant à faire évoluer sa structure économique pour éviter un retard dans le groupe et parler le même langage avec les partenaires de notre institution commune. C'est la raison pour laquelle le Niger a pris un certain nombre de décisions dans le cadre du Doing Business. Les résultats enregistrés par le Niger dans ce sens démontrent à suffisance la volonté des autorités d'appuyer le secteur privé. Pour davantage matérialiser cette volonté, le gouvernement a pris dans le cadre du budget 2018 un certain nombre de mesures fiscales dont le but est de décourager les operateurs à rester dans le secteur informel ; il faut plutôt les amener à migrer vers le secteur formel. « En fiscalisant davantage nous créons aussi les conditions pour l'élargissement de l'assiette fiscale ; pour que chacun commence à contribuer à l'effort fiscal national. Un Etat, c'est des finances publiques saines. C'est aussi des finances fortes qui permettent d'avoir un espace budgétaire pour investir dans les secteurs productifs», a conclu le ministre des Finances.
Hassane Daouda(onep)