Conférence de presse au Ministère des Finances sur l’impact économique de la pandémie COVID19 : un plan de 597 milliards de FCFA pour riposter contre la crise sanitaire et atténuer ses conséquences.

Conférence de presse au Ministère des Finances sur l’impact économique de la pandémie COVID19

Le ministre des finances, M. Mamadou Diop a animé, hier matin à Niamey une conférence de presse sur l’impact économique de la pandémie COVID19 au Niger et les mesures d’atténuation envisagées par le gouvernement. Il s‘est agi d’informer l’opinion au sujet du plan de soutien de l’économie dans la dure épreuve qui a pour conséquences, selon les explications du ministre des Finances : un ralentissement, voire, un arrêt des activités économiques ; un gel des investissements publics et privés ; une baisse de l’emploi, des salaires, des revenus et de la consommation des ménages.

 Il est évident que la crise sanitaire mondiale due à la pandémie du COVID19, qui a débuté en décembre dernier à Wuhan (Chine) n’est pas sans conséquences sur les économies des pays affectés à travers le monde.

Introduisant, la conférence de presse, le ministre des Finances, M. Mamadou Diop a rappelé que « les principales institutions internationales en charge des questions économiques au niveau mondial, notamment le Fonds monétaire international et l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), préviennent sur les risques d’une forte contraction de l’activité globale pour l’année 2020 ».

En effet, au Niger, la crise se propage à travers plusieurs canaux. Le commerce des biens est concerné, selon le ministre Diop, notamment l’affectation des importations de produits de consommation courante (riz, pâtes alimentaires, huiles végétales, produits pharmaceutiques, sucre) importés en grande partie d’Asie et d’Europe ; des achats de biens d’équipement et intermédiaires, entrant dans le processus de production, en particulier dans les domaines miniers, pétroliers, et la construction d’infrastructures économiques, en raison de la récession économique dans les pays partenaires.

Les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et des transports aérien et terrestre sont également au cœur des préoccupations économiques dans cette crise sanitaire. Les flux financiers internationaux subiront aussi des conséquences, à travers les envois de fonds des travailleurs migrants, les investissements directs étrangers et l’aide publique au développement. Le ministre des Finances, a indiqué aussi que le secteur bancaire et financier, sont exposés à des risques de ralentissement des activités, de l’indisponibilité de liquidités et de bilan.

Globalement une perte de 2,8 points de pourcentage du taux de croissance de l’année 2020 se dessine (soit de 6,9% à 4,1%), après l’évaluation de l’impact économique de la crise. Ainsi, sur l’hypothèse de travail de base tablant sur une maitrise de la propagation de la maladie au niveau mondial d’ici fin juin 2020, les mesures d’atténuation sont aussi prévues, pour faire face à la crise sanitaire et prendre les mesures de soutien aux populations et à l’économie.

« Le gouvernement a estimé les besoins financiers à 597 milliards de FCFA, soit 7,4% du PIB, dont 159 milliards pour les mesures de soutien sanitaire et la lutte contre la pandémie », a déclaré le ministre des Finances, M. Mamadou Diop. Ces besoins, précise-t-il, seront mis à jour, au fur et à mesure de l’évolution de la situation au niveau mondial et national.

Ces mesures d’atténuation, faut-il le rappeler, ont été annoncées par le président de la République, Chef de l’Etat, SE. Issoufou Mahamadou dans son récent message à la Nation. Au niveau de la fiscalité intérieure, un certain nombre des mesures d’ordre général s’appliquent à tous les secteurs d’activités. Ces sont notamment : la prise en charge par l’Etat des factures d’eau et d’électricité pour les tranches sociales pour les mois d’avril et mai 2020; le report de la date limite de paiement de la vignette à la fin juin 2020 au lieu de 31 mars 2020; la suspension des contrôles fiscaux sur place pendant deux mois, pour avril et mai 2020.

« La Nigelec et la SEEN vont nous produire et présenter les factures de tranches sociales que nous allons prendre en charge. Nous sommes en train d’évaluer avec les deux institutions tous ceux qui sont concernés par cette mesure. Elles ont des tranches sociales au niveau de leurs facturations, c’est de cela qu’il s’agit », précise le ministre.

D’autres mesures spécifiques s’appliquent aux secteurs du transport, de l’hôtellerie, des agences de voyages, des bars et débits de boissons et des sports et loisirs, dont les activités sont les plus affectés par les conséquences de la pandémie. Au niveau des opérateurs de commerce international, il leur est exonéré le droit et taxes sur tous les produits qui rentrent dans le cadre de la lutte contre le COVID 19. Ils auront aussi des facilités de crédit d’enlèvement pour l’importateur qui le souhaite pour une durée de 15 à 90 jours, moyennant la production d’une caution bancaire.

« Au total, c’est, dans un contexte de raréfaction des ressources internes, un effort exceptionnel et conséquent qui sera consenti par l’Etat pour faire face à la crise et permettre à l’économie de reprendre un rythme normal dès la fin de la pandémie », a soutenu, le ministre des finances.

Répondant aux questions de la presse, M. Mamadou Diop a d’abord indiqué que c’est « un premier train de mesures » que le gouvernement vient de prendre, d’autres pourront s’ajouter en cas de nécessité. « Durant les mois d’avril et de mai 2020 nous allons enregistrer une baisse des recettes fiscales.

Par contre les dépenses sont là, et il faut y faire face. Les salaires, les pécules et tous les engagements régaliens de l’Etat. Raison pour laquelle l’Etat ne peut pas prendre des mesures qui dépassent ses moyens », a expliqué M. Mamadou Diop avant de réitérer l’engagement de l’Etat à assurer celles prises à ce jour.

S’agissant de la participation des partenaires, selon le ministre, beaucoup ont déjà fait des annonces, pour environ 127 milliards de FCFA qui vont être décaissées très bientôt. « C’est ainsi que nous allons, à la fois compenser progressivement les recettes fiscales et prendre en charge les engagements », a-t-il poursuivi.

Dans le même sens, tour à tour, le ministre délégué en charge du Budget M. Ahmat Jidoud, le Directeur général des impôts et celui des douanes ont apporté d’autres détails non moins importants relatifs aux tenants et aboutissants de la mise en œuvre des mesures d’atténuation de l’impact économique de la crise sanitaire.

Source : onep