Point de Presse au Ministère des Finances

La caisse de microfinance ASUSU SA, mise sous administration provisoire pour six (6) mois à compter du jeudi 3 mai 2018.

 

Le Secrétaire Exécutif de l’Agence de Régulation de la Microfinance (ARSM), M. Kabirou Alzouma, a tenu un point de presse le vendredi 4 mai 2018 dans la salle des réunions du ministère des Finances, en présence du Directeur Général des Opérations Financières et des réformes (DGOFR), M. Mahamane Laoualy. Ce point de presse porte sur une décision prise par le Ministre des Finances le jeudi 3 mai 2018, mettant sous administration provisoire, le Système Financier Décentralisé ASUSU SA et vise à informer la clientèle d’ASUSU ainsi que l’opinion nationale et internationale, du contenu et de la motivation de cette décision. Pendant les six (6) mois à venir, une équipe de professionnels avisés prendra le relai désormais des anciens dirigeants de cette institution financière afin de procéder à une analyse technique de sa situation réelle et de trouver une solution définitive aux maux qui la minent.

Au cours du point de presse, le Secrétaire exécutif de l'ARSM a rappelé que la situation difficile que traverse ASUSU SA, a été mise en exergue par la Commission Bancaire et les services compétents du Ministère des Finances. Elle se traduit notamment par des irrégularités dans la dernière augmentation du capital social, un système d'information et de gestion non fiable, une dégradation du portefeuille de crédits, un fort endettement auprès du système bancaire et de la clientèle - particulièrement celle des entreprises publiques, des charges d'exploitation importantes de personnels et de services extérieurs. Aussi, avec la saisie de tous ses comptes bancaires et de ses biens meubles par certains de ses gros créanciers, le non-respect des ratios prudentiels et l’absence de réponses adéquates de la part de ses responsables, ASUSU fait courir à ses parties prenantes, d'énormes risques tels que : la spoliation des dépôts de la clientèle (particuliers, PME, entreprises publiques qui y ont effectué d'importants dépôts...), le risque systémique pouvant affecter tout le système financier en général (banques et autres prêteurs) et le secteur de la microfinance en particulier, l’affectation du programme de relance économique et financier du Niger, etc...

Pour M. Kabirou Alzouma, l’Etat, garant de la stabilité financière et tuteur des établissements financiers, ne saurait rester indifférent face aux difficultés que traverse la plus grande institution de microfinance du pays. C’est ainsi que, pour préserver la viabilité d'ASUSU dont la disparition porterait un préjudice certain au secteur financier ainsi qu’aux intérêts des déposants en général et des entreprises publiques en particulier, et conformément aux prérogatives que lui confère la loi sur les Systèmes Financiers Décentralisés, le Ministre des Finances a décidé de sa mise sous administration provisoire à compter du 3 mai 2018 et a désigné un administrateur provisoire choisi pour son expérience professionnelle et pour la conduite avec succès de missions similaires. De même, un Comité de suivi de l’Administration Provisoire a été mis en place par la même décision. Il est chargé d’émettre des avis sur la conduite des opérations, le Plan de redressement et de manière générale, l'exécution du Cahier des charges. Des représentants du Ministère des Finances et de la BCEAO sont membres de ce Comité.

La décision du Ministre des Finances, dit-il, est fondée sur les dispositions de l'article 62 de la loi 2014-59 sur les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) qui prévoient que, le Ministre des Finances, la BCEAO ou la Commission Bancaire, peuvent selon le cas et par décision motivée, mettre sous administration provisoire tout SFD, lorsque sa gestion met en péril sa situation financière ou les intérêts de ses membres. Le tout nouvel administrateur provisoire, M. Bachir Amadou, a six (6) mois pour accomplir sa mission définie dans un cahier de charge. Il aura notamment à assurer la continuité des activités d’ASUSU et le respect des prescriptions légales, règlementaires et statutaires ; à prendre toute mesure utile afin de préserver les intérêts des associés et des clients d’ASUSU SA ; à diligenter un audit organisationnel et financier de l'institution ainsi que du Système d'information et de Gestion de l'institution et toute autre vérification demandée par le comité de suivi.

A l'issue de cet audit, l’Administrateur provisoire présente au comité de suivi un rapport indiquant les propositions de redressement. « L'Administration Provisoire est une mesure prévue par la loi applicable au Niger et commune aux autres pays de l’UMOA. Elle a été prise dans les mêmes circonstances au Niger et dans d’autres pays de l’UMOA par les Ministres des Finances concernés », a expliqué M. Kabirou Alzouma, Secrétaire Exécutif de l'Agence de Régulation de la Microfinance (ARSM).

En sommes, a-t-il dit, la mesure prise par le Ministre des Finances vise exclusivement à préserver les emplois des agents d’ASUSU, les dépôts de la clientèle composée d’entreprises publiques dont les avoirs s'élèvent à plusieurs milliards de FCFA ainsi que de particuliers et d’entreprises individuelles qui lui ont confié leurs épargnes constituées après de dures labeurs, et assurer la continuité des services financiers fournis aux populations nigériennes. Ce fut le cas tout dernièrement à la MECREF où, après une période d’administration provisoire, elle a été assainie et remise à ses actionnaires légitimes qui ont élu un nouveau conseil d’administration. Le nouvel Administrateur Provisoire de ASUSU SA, M. Amadou Hamani Bachir, a conduit avec succès le redressement de la Banque Agricole du Niger (BAGRI) de juillet 2013 à mars 2014. Auparavant, il a été inspecteur de la commission bancaire de l'UMOA et Conseiller Spécial du Gouverneur de la BCEAO, chargé de la modernisation des caisses.

Source : ONEP (Souleymane Yahaya)